Un orgue unique au monde

Un concert donné sur un instrument unique au monde dans le plus important édifice gothique de Suisse.

Les nouvelles orgues Fisk de la Cathédrale de Lausanne, inaugurées en décembre 2003, constituent une prouesse musicale et technologique.

  • Dix ans d’étude et de réalisation, deux concours internationaux, 7’396 tuyaux, 6 claviers et pédalier, deux consoles.
  • Le premier orgue au monde à avoir été dessiné par un designer (Giugiaro).
  • Le premier orgue à contenir les 4 principaux styles de la facture d’orgues (classique et symphonique français, baroque et romantique allemands).
  • Une réalisation internationale avec des entreprises de Suisse, des Etats-Unis, du Canada, d’Italie, d’Angleterre et d’Allemagne quit ont participé à sa construction.
  • Un coût total de plus de six millions de francs
  • 150’000 heures de travail
  • Le premier instrument construit par une manufacture américaine (Fisk) dans une cathédrale en Europe.
Composition des Grandes Orgues de la Cathédrale de Lausanne
C. B. Fisk, Gloucester (Massachusetts/USA) Opus 120, 2003
GRAND-ORGUE Clavier II – C-c4  (37 rangs, 2088 tuyaux)
Pressions : C-g1 89mm / dès gis1 108mm
1.Principal32’B-H façade (zinc) ; dès c commun avec Montre 16’
2.Montre16’C-g1 façade (zinc)
3.Bourdon16’ 
4.Montre8’ 
5.Gambe8’d’après Cavaillé-Coll
6.Flûte harmonique8’d’après Cavaillé-Coll
7.Bourdon8’ 
8.Prestant4’ 
9.Octave4’ 
10.Quinte2 2/3’ 
11.Doublette2’ 
12.Terz1 3/5’principalisante
13.Fourniture VII2 2/3’résultante 32’ (10 2/3’ dès gis1)
14.Cymbale V2/3’ 
15.Mixtur VI-IX2’ 
16.Bombarde16’d’après Cavaillé-Coll
17.Trompette8’d’après Cavaillé-Coll
18.Clairon4’d’après Cavaillé-Coll, ab. fis2 8’
19.Trommet16’Allemagne du nord
20.Trommet8’Allemagne du nord
POSITIF DE DOS Clavier I – C-c4  (23 rangs, 1327 tuyaux)
Pression : 89mm
21.Quintadehn16’C-H bois
22.Prinzipal8’d’après Schnitger (Cappel) C-d façade
23.Gedackt8’ 
24.Oktave4’d’après Schnitger (Cappel)
25.Rohrflöte4’ 
26.Grosse Tierce3 1/5’ 
27.Nasard2 2/3’ 
28.Doublette2’ 
29.Quarte de Nasard2’ 
30.Tierce1 3/5’ 
31.Larigot1 1/3’ 
32.Piccolo1’ 
33.Plein-jeu V2/3’d’après Dom Bedos
34.Scharff IV1’d’après Schnitger
35.Dulcian16’d’après Schnitger (Stade)
36.Cromorne8’d’après Clicquot
 Tremblant doux  
POSITIF EXPRESSIF Clavier III – C-c4  (18 rangs, 1029 tuyaux)
Pression : 89mm
37.Salicional8’d’après Ladegast
38.Unda maris8’ 
39.Flûte harmonique8’ 
40.Bourdon8’d’après Schulze
41.Voix éolienne8’ 
42.Fugara4’d’après Ladegast
43.Zartflöte4’d’après Ladegast
44.Violine2’d’après Ladegast
45.Sesquialtera II2 2/3’ 
46.Harmonia aetheria V2’ 
47.Cor anglais16’style français
48.Basson8’style français
49.Clairon4’style français
 Tremblant  
RECIT EXPRESSIF Clavier IV – C-c4  (21 rangs, 1250 tuyaux)
Pression : 89mm
50.Bourdon16’ 
51.Diapason8’d’après Cavaillé-Coll
52.Viole de Gambe8’d’après Cavaillé-Coll
53.Voix Céleste8’ 
54.Flûte traversière8’d’après Cavaillé-Coll
55.Bourdon8’ 
56.Prestant4’d’après Cavaillé-Coll
57.Flûte octaviante4’d’après Cavaillé-Coll
58.Quinte2 2/3’ 
59.Octavin2’d’après Cavaillé-Coll
60.Tierce1 3/5’ 
61.Plein-jeu IV2’ 
62.Bombarde16’d’après Cavaillé-Coll
63.Trompette harmonique8’d’après Cavaillé-Coll
64.Clairon harmonique4’d’après Cavaillé-Coll
65.Basson-Hautbois8’d’après Cavaillé-Coll
66.Clarinette8’d’après Cavaillé-Coll
67.Voix humaine8’d’après Cavaillé-Coll
 Tremblant rapide / Tremblant  
BOMBARDES Clavier V – C-c4  (12 rangs, 565 tuyaux)
Pression : 127mm
68.Montre8’ 
69.Flûte creuse8’Kuhn
70.Flûte ouverte4’ 
71.Grand Cornet V8’ 
72.Trompette8’d’après Clicquot
73.Clairon4’d’après Clicquot
74.Trompette en chamade4’d’après Cavaillé-Coll (double longueur dès c2)
75.Clairon en chamade4’d’après Cavaillé-Coll (double longueur dès c1 ; dès fis2 8’)
PEDALE- C-g1  (13 rangs, 476 tuyaux)
Pressions : galerie sup. 152mm / autres : 108mm
76.Principal32’transmission au Grand-Orgue
77.Bourdon32’Kuhn
78.Grosse Quinte21 1/3’transmission au Principal 32’
79.Contrebasse16’ 
80.Montre16’transmission au Grand-Orgue
81.Principal16’Kuhn
82.Violonbasse16’ 
83.Bourdon16’Kuhn
84.Basse Quinte10 2/3’ 
85.Octave8’ 
86.Violoncelle8’transmission au Grand-Orgue (Gambe)
87.Flûte8’ 
88.Bourdon8’ 
89.Quinte5 1/3’ 
90.Octave4’ 
91.Flûte4’C-f commun avec Flûte 8’
92.Mixture IV2 2/3’ 
93.Contre-Bombarde32’dès c commun avec Bombarde 16’ (Grand-Orgue)
94.Bombarde classique16’d’après Clicquot (Poitiers)
95.Bombarde16’transmission au Grand-Orgue
96.Trompette8’transmission au Grand-Orgue
97.Clairon4’transmission au Grand-Orgue
98.Posaune16’ 
99.Trommet16’emprunt Grand-Orgue
100.Trommet8’emprunt Grand-Orgue
FERNWERK (clavier flottant)  (11 rangs, 582 tuyaux)
 
101.Bourdon16’ 
102.Principal8’ 
103.Bourdon8’ 
104.Flûte8’ 
105.Flûte d’amour8’ 
106.Salicional8’ 
107.Voix céleste8’ 
108.Prestant4’ 
109.Flûte traversière4’ 
110.Trompette harmonique8’ 
111.Voix humaine8’ 
 Tremblant  
Accouplements et tirasses:
Positif de dos à Grand-OrgueGrand-Orgue à Pédale
Positif expressif à Grand-OrguePositif de dos à Pédale
Récit expressif à Grand-OrguePositif expressif à Pédale
Bombardes à Grand-OrgueRécit expressif à Pédale
Pédale à Grand-OrgueBombardes à Pédale
 Fernwerk à Pédale
Positif de dos à Positif expressifOctave grave Grand-Orgue
Récit expressif à Positif expressifOctave grave Positif expressif
Bombardes à Positif expressifOctave grave Fernwerk
 Octave aiguë Fernwerk
Accessoires :
Positif expressif : Tremblant
Positif de dos : Tremblant doux
Récit expressif : Tremblant rapide
Récit expressif : Tremblant
Fernwerk : Tremblant
Rossignol (2 tuyaux)
Vent flexible
 
Boîtes expressives pour le Récit expressif, le Positif expressif et le Fernwerk
Sostenutos pour les claviers (sauf Positif de dos) et le pédalier
Crescendos programmables
 
Mécanique directeTirage électrique des jeux
Transmission électrique pour la console mobile
Mémorisation des registrations sur disquette (Solid State Logic)
98 jeux / 111 registres (124 rangs) 7396 tuyaux sans le Fernwerk

Les nouvelles orgues de cathédrale de Lausanne

Jean-Christophe Geiser
Organiste titulaire de la Cathédrale de Lausanne
Professeur au Conservatoire et HEM de Lausanne

Des orgues américaines à la Cathédrale de Lausanne !

Un buffet dessiné par un designer italien, célèbre pour ses carrosseries de Maserati, de Bugatti, d’Alfa Romeo….! Que n’a-t-on pas entendu comme rumeurs et commentaires dans les milieux d’organophiles européens. Certes, présentées de manière aussi provocatrices, ces nouvelles pouvaient surprendre, inquiéter même…

Et pourtant, le résultat est là. Inaugurées et découvertes par plus de 12’000 auditeurs en un mois, lors des concerts de décembre 2003, les nouvelles orgues de la Cathédrale de Lausanne continuent, plus de 2 ans après leur inauguration, à susciter intérêt et admiration, bien au-delà des cercles de passionnés. Le New York Times leur consacre une pleine page. « Le Temps » (principal quotidien de Suisse romande) n’hésite pas à titrer « l’orgue du XXIème siècle est né à Lausanne ». La principale revue organologique allemande, « Organ », leur consacre sa page de couverture, ce qu’elle n’avait pas encore fait jusqu’alors pour un instrument neuf.

Les nouvelles orgues de la cathédrale de Lausanne présentent des caractéristiques que l’on ne retrouve sur aucun autre instrument:

    • Pour la première fois, un instrument d’une centaine de jeux présente une juxtaposition aussi aboutie de quatre principaux styles de la facture d’orgues (classique et symphonique français, baroque et romantique allemands).
    • Pour la première fois, deux concours internationaux successifs sont organisés, l’un pour le choix du facteur d’orgues (C. B. Fisk), l’autre pour le choix du buffet (Giugiaro Design).
    • Pour la première fois, un designer de réputation mondiale signe un buffet d’orgue.
    • Pour la première fois, une manufacture d’orgues américaine construit un instrument dans une cathédrale européenne.
Comment cette réalisation a-t-elle été possible?
L’état d’usure de l’orgue précédent nécessitait soit des travaux de restauration importants, soit le remplacement de l’instrument.
Dès 1993, un groupe de travail interdépartemental s’est constitué afin d’opérer une réflexion globale.
Compte tenu du coût d’une restauration et surtout du fait que les défauts de conception (emplacement trop en retrait, transmission électro-pneumatique, absence de buffet) de l’instrument ne pouvaient pas ou difficilement être corrigés, le remplacement de l’orgue était la meilleure option possible.
Racheté par le facteur d’orgues Andreas Ladach de Wuppertal (Allemagne), l’instrument a été réinstallé, après une restauration complète, dans la nouvelle Philharmonie de Gdansk, en Pologne, et inauguré en juin 2004.
Il est heureux que la partie sonore de l’instrument ait pu être sauvée; témoin de la facture néoclassique, cet instrument mérite déjà le qualificatif « historique ».
En 1995, le gouvernement vaudois donnait son accord pour le remplacement de l’orgue, acceptait le principe de l’organisation d’une souscription publique pour en assurer une partie du financement, et chargeait une Commission des orgues de poursuivre les études, de lancer un appel d’offres et d’évaluer les offres reçues.
Les instruments précédents avaient tous souffert de leur position inadéquate, parce que trop en retrait sur les tribunes hautes.
La Cathédrale de Lausanne offre en effet une disposition architecturale très particulière : un narthex d’une quinzaine de mètres sur lequel se trouvent deux grands espaces voûtés, de niveau différent.
C’est dans ces espaces que les instruments précédents avaient été relégués.
Il s’agissait donc d’éviter les erreurs du passé et de résoudre, en premier lieu, la question de l’emplacement.
Après avoir considéré les solutions possibles (tribunes, transept nord, triforium), il a été décidé pour des raisons tant musicales qu’architecturales de maintenir l’orgue au-dessus du narthex, mais de permettre au futur instrument de s’abaisser et de s’avancer dans la nef.
Le volume ainsi défini et mis à disposition des facteurs d’orgues permettait, pour autant qu’il soit judicieusement utilisé, d’envisager un instrument de dimensions comparables à l’instrument précédent.
Si le nouvel orgue, comme par le passé, avait été confiné dans l’espace des tribunes hautes, il aurait été impossible de réaliser un orgue de cette importance : seule une quarantaine de jeux peut-être auraient pu être disposés de manière satisfaisante.
Cette avancée de l’instrument permet également de dégager totalement et de rendre accessible la tribune haute, précédemment encombrée par des tuyaux.
Elle révèle une balustrade du XIIIe siècle et jusqu’alors noyée dans l’orgue.
Elle offrira au public la possibilité de visiter la tour nord en passant derrière l’instrument.
Tout le massif occidental de la cathédrale se voit ainsi valorisé : on pourrait presque dire que la quadrature du cercle a été trouvée, tant il est rare que l’emplacement d’un orgue satisfasse aussi bien les architectes et les archéologues que les musiciens.
Pour lancer l’appel d’offres, la Commission des orgues a établi un cahier des charges qui, entre autres conditions :
    • Définissait la procédure adoptée (offres sur appel, obligation de collaborer avec un architecte-designer choisi ultérieurement par la Commission);
    • Comportait une composition (ensemble des registres ou jeux) de référence, en laissant la possibilité aux facteurs d’orgues de la compléter; le nombre de jeux était identique à l’instrument précédent (sans le Fernwerk);
    • Déterminait les volumes disponibles pour le nouvel orgue;
    • Prévoyait, en plus de la console de tribune à transmission mécanique, une seconde console mobile;
    • Projetait un Fernwerk.
L’option fondamentale retenue a été de réaliser un instrument disposant de trois plans (claviers) symphoniques et de deux plans baroques : une base symphonique française (Cavaillé-Coll) complétée par les jeux caractéristiques du style classique français (Clicquot) et baroque allemand (Schnitger), avec en plus, dans le projet de Fisk, des jeux de style romantique allemand (Ladegast). Il est ainsi possible d’aborder à la cathédrale un très large répertoire, dans le respect des particularités stylistiques, mais avec des possibilités plus vastes que celles offertes par les instruments bien typés mais de beaucoup plus petites dimensions (à part l’église Saint-François à Lausanne) de la région. Il est aussi possible d’entendre et de comparer, dans la même acoustique, des jeux caractéristiques de quatre références stylistiques ; cet aspect pédagogique doit être souligné.
La présence d’une seconde console se justifie pour plusieurs raisons.
La cathédrale doit jouer le rôle de « salle de concert avec orgue », car Lausanne ne dispose pas d’une salle permettant d’aborder le répertoire pour orgue et orchestre, contrairement aux autres grandes villes suisses (Victoria Hall de Genève, Tonhalle de Zurich, Casino de Berne par exemple).
La distance entre la console de tribune et l’orchestre rend la synchronisation entre l’orgue et l’orchestre plus difficile :
il faut jouer avec une vidéo, sans contact visuel direct avec le chef d’orchestre.
Mais surtout, la console mobile permet au public de voir l’organiste. Car, faut-il le rappeler, le public veut voir la musique se créer autant qu’il veut l’entendre…
La console mobile permet aussi une présentation du fonctionnement de l’orgue à des groupes, et donc une sensibilisation « pédagogique » du grand public à l’instrument.
Enfin, elle donne à l’organiste la possibilité d’apprécier parfaitement les registrations et leur équilibre dans la nef, ce qui n’est pas possible depuis la console de tribune.

Sur un instrument de cette dimension, la mémorisation de séquences de registrations (combinateur) est indispensable. Il s’agit là d’un système courant qui n’a évidemment rien d’exceptionnel.Ces registrations pourront être enregistrées sur des disquettes de format standard.Mais l’instrument possède aussi une interface MIDI qui permet d’enregistrer le jeu de l’organiste, de jouer l’orgue à distance (par exemple à partir d’un autre orgue équipé également de ce système), voire de noter des improvisations.C’est la première fois en Suisse qu’un orgue de cathédrale est équipé de ce système.Les applications de ces possibilités nouvelles offrent un champ innovateur pour la création musicale contemporaine.Chaque clavier ainsi que le pédalier disposent également d’un système de « sostenuto » :lorsqu’il est activé, ce système maintient la dernière note ou le dernier accord joué sur le clavier jusqu’à ce que la note ou l’accord suivant y soit joué.Faut-il le rappeler ? Il s’agit bien de compléments.L’orgue demeure utilisable de manière traditionnelle. On pourra donc jouer cet instrument avec sa transmission mécanique et sans utiliser aucun des accessoires électroniques.

Comme l’avait souhaité la Commission des orgues, deux concours successifs ont été organisés :
le premier concernait le choix du facteur d’orgues, le second le choix de l’architecte – designer à qui le dessin final du buffet devait être confié.
Le nombre des facteurs d’orgues susceptibles de construire un instrument de cette importance et présentant les caractéristiques définies dans le cahier des charges est très restreint.
La Commission des orgues, avec le concours des deux experts Heinz Balli et Olivier Latry, a choisi dans un premier temps six manufactures de renommée mondiale qui pouvaient se prévaloir d’une expérience et d’une envergure suffisantes.
Après le dépôt des projets, et à l’unanimité, la manufacture Fisk de Gloucester (près de Boston aux USA), a été choisie.
La Commission des orgues était consciente que le choix d’un facteur d’orgues américain pourrait être mal compris, voire susciter une certaine opposition.
Il était donc et il est toujours essentiel de rappeler que les nouvelles orgues sont européennes dans leurs références musicales, que Fisk est une entreprise d’une trentaine de passionnés et pas une multinationale, et qu’il eût été regrettable de se priver du meilleur projet pour des raisons politiques voire idéologiques.
Le choix de la Commission a donc été courageux. Il est important de souligner encore et toujours que Fisk a une profonde connaissance des différents styles des orgues européens, acquise grâce à l’étude des instruments historiques européens, et se distingue très nettement de la facture d’orgues américaine traditionnelle.
Il est donc inexact de parler d’orgues « américaines » à Lausanne.
Les références sont toutes européennes, ce qui n’enlève évidemment rien aux qualités du facteur d’orgues.

L’intégration visuelle des nouvelles orgues dans l’édifice fut une préoccupation constante.
S’agissant de buffet d’orgues, il arrive souvent que l’on choisisse aujourd’hui un buffet « copie », qui reflète le style musical principal de l’instrument.
Même si cette approche avait été retenue à la cathédrale – elle n’a du reste jamais été sérieusement envisagée -, on voit mal quel style aurait servi de référence puisque l’instrument en accueille quatre.
Dans une cathédrale du XIIème siècle, un buffet « dans le style de l’édifice » était également impossible.
L’organisation d’un concours d’architectes-designers pour le dessin d’un buffet d’orgues constitue, à notre connaissance, une première.
S’il arrive parfois qu’un architecte collabore au dessin d’un projet, il en va différemment ici : c’est bien un second concours qui a été mis sur pied pour donner à l’instrument son apparence finale, sur la base des plans du facteur d’orgues.

Il s’agit donc d’un travail d’« habillage », les contraintes de la construction posées par Fisk et la Commission des orgues étant relativement lourdes :
composition, volumétrie prédéfinie, passage de la mécanique, accès aux différentes parties de l’instrument.
Il n’est donc guère étonnant que ce soit finalement un designer – peut-être mieux disposé à prendre en compte des contraintes techniques rigoureuses – plutôt qu’un architecte qui ait été retenu à l’unanimité du jury : Giugiaro Design. Celui-ci a donné à l’instrument une apprarence d’ange stilisé, reposant sur un halo de lumière.
L’originalité du buffet se manifeste par divers éléments :

  • Une structure en trois corps, composée de deux grandes tourelles latérales (comprenant à leur base, derrière des tuyaux de façade, les deux positifs) et d’un corps central constitué de la console de tribune et du clavier de bombarde placé devant le clavier du récit;
  • Un dessin original particulièrement élégant du buffet de bombarde (au centre);
  • La présence d’éléments en verre à la base des tourelles latérales et sous la console de tribune ; ces éléments sont éclairés de manière diffuse par un système invisible situé derrière les plaques de verre;
  • Le design des deux consoles : les tirants de registres sont disposés verticalement de manière ergonomique à la console de tribune, reprenant sur le plan vertical le principe d’ergonomie horizontale développé par Cavaillé-Coll pour certaines de ses consoles ; la console mobile repose sur deux corps latéraux, qui abritent les combinateurs et l’ordinateur permettant l’utilisation du système MIDI, de sorte que l’espace situé sous les claviers reste libre;
  • Enfin le dessin suggéré de deux ailes d’ange tendues vers le ciel, et les éléments situés au sommet des deux tourelles latérales.